Cette création commence par un voyage. 

De Paris à Kostroma en Russie où je suis allée travailler à l'invitation de la compagnie Dialogue Dance. 

Je suis partie avec ce que je suis : mes obsessions, mes rituels, des lectures et des films incontournables, mes habitudes, mes tics. Des matières usées, peut-être, mais qui me sont indispensables pour présenter, comprendre et traverser tout processus de création. Et puis la recherche que je mène actuellement, autour des notions de transmission, d'héritage… autour de la mémoire encore. Toujours ! 

Cette pièce pour 2 hommes, 2 femmes et 1 musicien (Ivan Evstegneyev, Evgeny Kulagin, Maria Kachalova, Tatyana Karavanova et Simon Berz) est composée de 2 parties indépendantes, presque 2 pièces en somme, mais avec un dispositif commun : une table, deux chaises, et une situation commune : un tête-à-tête, un corps-à-corps entre un homme et une femme. 

Une scène identifiable, familière, un moment ordinaire : un dîner …ou plutôt deux. Au cours de ces dîners, chacun des interprètes traversera, racontera, s'inventera une histoire ; quelques mots et des gestes pour évoquer des souvenirs, des idées, des envies. Peut-être des discours fleuves, des répliques chocs, des malentendus, des trous de mémoire et des bavardages, des prises de bec, des fous rires, des paroles qui se coupent, se heurtent, se contredisent, et se superposent. Les deux duos sont présentés à la suite l'un de l'autre et sont presque identiques. Tout dépend de la façon de dire, d'entendre et de voir les choses. 

Comme le dit Wallace Shawn à propos du tournage de My dinner with André (un film de Louis Malle, avec André Gregory et Wallace Shawn, 1981) « C'était nous… et pas nous !» 

Cécile Loyer